Ces infirmiers indépendants se liguent contre Maggie De Block via une ASBL.
Horaires compliqués, patients violents, charge administrative très lourde, des formations à suivre – qui souvent ne sont pas suivies – pour rester au fait des nouveaux traitements,… la vie d’un infirmier indépendant n’est pas facile, les taux de suicide sont élevés et les burn-outs trop fréquents malgré un salaire qui peut monter très haut. Mais avec le dernier coup que la ministre de la Santé, Maggie De Block, leur a imposé, ils en ont gros.
« C’est la goutte qui fait déborder le vase », s’énerve Nadia Aouina, une infirmière carolo. « On nous a imposé, rien qu’à nous, les indépendants, un système informatique qui bugge, qui a été mis sur la table trop vite, sans période de transition, rien du tout. »
Depuis le 1er octobre , tous les infirmiers indépendants doivent « pointer » la carte d’identité de leurs patients quand ils se rendent à leur chevet. « Sauf que ça ne marche pas, donc en revenant le soir à 21 h, après une longue journée, au lieu d’avoir une demi-heure de dossiers à mettre à jour, c’est beaucoup plus : il faut tout revérifier parce que la machine fait des erreurs. Et quand il y a des erreurs, on n’est pas payé. » Dans le milieu infirmier, il y a 3 % de fraudes. « Et à cause de ça, tous les autres doivent bosser comme des fous ? Et que les indépendants, pas les hôpitaux, les maisons médicales, rien ? »
Via différents organes, fédérations, consortiums, ils ont essayé d’entrer en contact avec la ministre. Sans succès. « On nous a dit qu’il y avait eu une rencontre, mais on n’a pas été informé, on ne sait pas ce qui s’est dit. On est dans le noir complet », se plaint Jean pierre Debouver, infirmier également, qui lance l’ASBL Les Tabliers Blancs. Avec le soutien de la Fédération des infirmières indépendantes belges (FIIB), ils organisent la contre-attaque. « Il y a des choses à changer dans notre métier, oui. On ne se forme pas assez, c’est une évidence. Et cette idée de système informatique, on n’est pas contre, mais ça a été fait n’importe comment. Et surtout, on ne nous dit rien, on ne nous consulte pas. »
Avec la nouvelle ASBL, les infirmiers veulent faciliter la formation de leurs membres, se fédérer pour faire porter leur voix auprès des politiques, et aussi redorer l’image d’un métier souvent inconnu du grand public. « Le monde change, les hôpitaux vont fermer 30 % des lits et il y aura de plus en plus d’hospitalisation à domicile. On doit être prêts », conclut Aurore Dewilde de la FIIB.